mercredi 10 février 2010

Risques et Inégalités: entre processus naturels et contraintes sociales

Cours organisé par Monica Castro et Emilie Crémin
Doctorantes en Géographie - Laboratoire LADYSS
Allocataires-monitrices
Département de Géographie
Université Paris 8 Saint-Denis


Descriptif du cours:

Les désastres et catastrophes naturelles ou technologiques sont des évènements régulièrement "à la Une" de la presse d'actualité. Ces phénomènes sont néanmoins perçus et vécus de manières variables suivant les contextes propres à chaque pays et à chaque culture. Les phénomènes associés au terme de « risque » deviennent de plus en plus médiatisés et interrogent plusieurs champs d’analyses et plusieurs champs d’intérêts économiques et sociaux.
Les notions de "risque" et de "vulnérabilité" sont discutés au sein de la communauté scientifique car elles sont porteuses de différents sens. Parmi les sciences sociales, la Géographie est celle qui s’est depuis le plus longtemps intéressée à la question dans sa dimension territoriale. Parmi les différentes typologies de classement des risques toutes font ressortir l’idée déterministe de menace pour des sociétés vulnérables et « soumises », dans une logique de cause-conséquence. Cependant, ces risques sont bien souvent liés aux actions de l’Homme sur son environnement. Les situations environnementales sont donc le résultat d’interactions entre les sociétés et les milieux. La complexité de ces interactions ainsi que le développement récent des notions de vulnérabilité ou d'adaptabilité invite à aborder le risque à partir de différentes perspectives.

Après une introduction aux principales notions et définitions (risque, inégalité, aléas, vulnérabilité, résilience, enjeux...) le cours abordera les risques et les catastrophes qui font l’actualité en insistant sur l'importance de la notion de vulnérabilité pour les analyser. Nous distinguerons les désastres d’origine naturelle de ceux provoqués par des activités humaines. Il existe ainsi divers types de risques principalement liés à des phénomènes naturels mais aussi souvent liés à des facteurs technologiques/industriels, épidémiologiques ou sociaux auxquels le Sud Asiatique et le Bassin Méditerranéen sont particulièrement vulnérables. Ces évènements ont lieux dans des territoires caractérisés par de fortes concentrations démographiques dans lesquels l’occurrence des aléas augmente la vulnérabilité des sociétés et dans des territoires où prédominent des inégalités face aux risques et des inégalités d’accès aux services publics. En effet, les difficultés de prévention et de gestion pendant et après les crises dominent dans les pays pauvres ou en développement.

Nos analyses s'appuieront sur deux espaces d'observation:
D'une part celui de la Méditerranée, où la pression anthropique exercée sur les littoraux conduit à augmenter la vulnérabilité des populations aux risques environnementaux et sociaux : les sécheresses (Maroc, Syrie,…), les séismes : Al Hoceima (Maroc, 2004), Alger et Boumerdès (Algérie 2003), Izmit (Turquie, 1999 avec 17 200 morts), Italie (2009, 150 morts), les inondations (Bab el-Oued, Alger, 2001) et les feux de forêt (2003, Portugal) ont marqué la dernière décennie…
D'autre part celui de l'Asie du Sud, où les pollutions issues des zones industrielles, les glissements de terrain dans les montagnes et les séismes de magnitudes variables dans la zone de subduction himalayennes, les inondations du Gange et du Brahmapoutre, l’arrivée tardive de la mousson et l’accentuation des sécheresses affectent régulièrement les sociétés locales et impliquent dans les cas de crise l'assistance des politiques publiques et de l'aide au développement des pays développés. Nous analyserons donc les modes de gestion des désastres et des impacts, les conséquences (sanitaires, alimentaires, géopolitiques), les perceptions et les stratégies d’adaptations menées par les populations locales et par les acteurs gérant les territoires. Les possibilités de résilience sont inégales suivant les groupes sociaux affectés. L’accès aux soins et les moyens disponibles pour reconstruire les territoires sont souvent précaires dans les pays en développement. Les autorités territoriales et les sociétés civiles (ONG, associations ...) apportent un soutien dans ces conditions de crise.
De nouvelles stratégies sont développés par les populations locales et par les acteurs extérieurs. Les mesures de prévention et d'atténuation des risques sont de plus en plus recommandés dans le cadre des négociations intergouvernementales pour l'adaptation aux changement climatique susceptible d'aggraver les phénomènes naturels. Nous analyserons de manière critique les discours médiatiques et politiques.
Les étudiants participeront en construisant des dossiers notamment sur des contextes et des modes de gestion de catastrophes.